L’objectif de la thérapie par hypnose est de permettre aux patients de se dissocier de la perception consciente de leurs acouphènes. Dans certains cas on obtient une suppression totale de la perception elle-même. Plus raisonnablement on peut espérer aider les personnes à se départir de leur perception perturbante. Le phénomène d’acouphènes persiste mais n’a plus de retentissement sur le patient qui retrouve une meilleure qualité de vie. Selon les études, de 65 à 75 % des personnes acouphéniques tireraient un bénéfice de cette technique. 36 % des personnes résistantes à toute autre forme de thérapie retrouveraient un mieux être général grâce à l’hypnose. L’hypnose en effet, accroît les capacités à gérer les acouphènes et les symptômes associés : stress, dépression et troubles du sommeil.
Hypnose, stress et dépression
L’hypnose s’accompagne habituellement d’une grande relaxation et d’une détente morale qui permet de réduire l’anxiété, la nervosité, les tensions ainsi que la détresse morale et la dépression. Il est en effet généralement admis qu’il existe une interaction entre le stress et les acouphènes. Le fonctionnement de l’appareil auditif est un des mécanismes du corps les plus délicats et les plus réactifs. Ses réponses sont proportionnelles à l’état psychique du sujet.
Stress et acouphènes
Les liens qui peuvent exister entre stress et acouphènes sont multiples : le déclenchement de l’acouphène coïncide souvent avec la survenue d’un événement stressant ou traumatisant. L’état acouphénique génère un stress. Le stress exacerbe l’acouphène. La crainte de l’aggravation des symptômes et des pathologies associées potentialise le stress des patients. Le plus souvent le point de départ de l’acouphène se situe au niveau de l’oreille, mais très rapidement il est corti-calisé, c’est-à-dire enregistré au niveau du cortexcérébral. C’est alors le cerveau qui génère les bruitset non plus l’oreille. L’inefficacité de la section du nerf cochléaire à faire taire les acouphènes en est une preuve. Il semble que des nouvelles connexions neuronales apparaissent et/ou que des connexions normalement inactives s’activent au niveau du cortex auditif. Il convient d’exercer au plus vite une action thérapeutique afin d’éviter la fixation mnésique du symptôme. Théoriquement il est possible d’inverser le phénomène ayant entraîné l’acouphène en restaurant le fonctionnement des zones cérébrales dysfonctionnelles. Par son caractère intrusif et chronique l’acouphène génère un stress important. Il est vécu à la fois comme une agression permanente et comme une fatalité où domine un sentiment d’impuissance. Chez un bon nombre de patients elle devient une préoccupation majeure quasi obsessionnelle. Le vécu subjectif des acouphènes n’a aucun rapport avec la réalité anatomique ou physiologique et est variable d’une personne à l’autre et même d’une heure à l’autre. Les patients constatent eux-mêmes l’exacerbation de leurs symptômes lorsqu’ils sont stressés. Des facteurs émotionnels comme la crainte de devenir sourd ou que les acouphènes ne s’aggravent, potentialisent encore la souffrance morale. Si l’hypnose ne peut généralement supprimer totalement l’acouphène, elle permet le plus souvent aux patients en induisant un meilleur vécu subjectif, de se libérer de leur syndrome dépressif et de retrouver leur joie de vivre.
Hypnose et insomnie
De nombreux acouphéniques se plaignent en effet de troubles du sommeil au moment de l’endormissement et ou de réveils nocturnes suivis d’impossibilité de ré-endormissement. L’hypnose, en réduisant le stress, vient généralement rapidement à bout des différents troubles du sommeil.
Le déroulement d’une thérapie par l’hypnose
Les entretiens préparatoires
La thérapie débutera par un, voire plusieurs entretiens préliminaires. Les entretiens préparatoires sont indispensables pour créer une interaction de qualité entre le thérapeute et le patient. Ces entrevues permettent donc d’établir un bilan qui précisera l’indication de l’hypnose et, le cas échéant, sa contre-indication (psychose, toute personne souffrant d’une pathologie organique qui veut se faire soigner uniquement par l’hypnose doit être refusée, une personne présentant
des acouphènes doit être obligatoirement examinée par un spécialiste ORL). Ces entretiens permettent également de démystifier l’hypnose, rassurer les personnes inquiètes et de décevoir celles qui attendent un miracle les abstenant de tout effort personnel.
L’induction de l’état hypnotique
L’induction consiste à aider le patient à rentrer dans un état de focalisation intérieure (transe hypnotique). Les méthodes d’induction sont très nombreuses et ont pour point commun de fixer l’attention du sujet soit sur un objet soit sur des sensations physiques ou des images mentales.
Le travail thérapeutique en hypnose
La transe hypnotique va être mise à profi t pour suggérer et proposer des moyens et des solutions créatives au problème du sujet. Les ressources inconscientes du patient sont mobilisées. Les suggestions peuvent être directes ou indirectes. Une suggestion n’est qu’une suggestion et l’inconscient du sujet est libre de la refuser ou de l’accepter, en partie ou totalement. La terminaison d’une séance d’hypnose se fait progressivement. La sortie proprement dite de l’état hypnotique sera précédée d’un temps de latence durant lequel le thérapeute peut formuler des suggestions post-hypnotiques.
L’entretien post-hypnotique
L’entretien post-hypnotique permet à la personne de faire part de son vécu de la transe et ce pour deux raisons au moins :
la personne donnera ainsi des informations qui permettront au thérapeute d’adapter au mieux ses techniques lors des séances ultérieures.
lors de ces entretiens le patient livre des indications importantes quant à sa psychologie. L’hypnothérapie est en général une thérapie brève, nécessitant au maximum 5 séances, parfois même une seule.
Sylviane Chéry-Croze
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